Soins des sabots - Assistance utile contre manipulation inutile (The Farriers Journal octobre 2021)
Monique Craig, BSCE, APF
Les chevaux bien soignés sont généralement parés et/ou ferrés régulièrement. Un intervalle normal devrait être de 4 à 6 semaines. Espérons que l'idée derrière cela est de maintenir les sabots à leur fonctionnement et à leur santé optimale. On peut se demander en quoi consiste un bon soin des sabots, et quand et pourquoi certaines de nos actions pourraient-elles devenir préjudiciables au cheval ?
À mon avis, tout commence par une bonne approche de coupe - pas la sélection de chaussures. Mes critères de base pour le rognage sont les suivants :
Vue solaire : Une grande partie du sabot doit se trouver derrière l'apex de la fourchette. La largeur de la fourchette et du talon peut être variable en raison de la génétique, mais en général, aucun ne doit être contracté. La grenouille doit avoir un sillon visible. La semelle doit être dure au toucher et avoir une bonne profondeur.
Figure 1 : Le même sabot arrière droit sur une période de neuf mois. Dans la figure A, le sabot a des talons contractés (6.35 cm), une mauvaise définition de la fourchette et un long orteil. Ce type de conformation du sabot n'est pas souhaitable. Dans la figure B, les talons se sont élargis (8.28 cm) avec une bonne définition de la fourchette et une pointe plus courte. C'est une meilleure conformation du sabot.
Vue latérale : Le corps de la semelle (c'est-à-dire la semelle entière) doit être proche des bulbes du talon. Le sabot doit se tenir sous la colonne osseuse (voir figure 2B et figure 3). Les angles palmaires (figure 3) doivent être positifs. Je ne crois pas à un nombre absolu pour l'angle palmaire car il existe des variations dans la morphologie des os pédieux. Cependant, je préfère voir des angles palmaires allant de 3 à 6 degrés.
Figure 2 : Cette image montre le même sabot arrière droit sur une période de neuf mois. La vue solaire de la figure 1 est du même sabot. Notez la forme de la bande coronaire dans les images A et B. La distance talon-bulbe dans la figure A est de 4.4 cm et de 2.0 cm dans la figure B.
Tableau 1 : Que nous montre ce tableau ? La largeur du talon a été améliorée de 2 centimètres. La longueur des orteils (Fig1.) est réduite, de même que la distance « talon-bulbe ». Cela signifie que la majeure partie de la capsule du sabot se trouve derrière l'apex de la grenouille, réduisant ainsi les contraintes mécaniques sur la zone caudale du sabot. La différence numérique entre l'angle du sabot et l'angle du talon a diminué. Lorsque cela se produit, le sabot est positionné plus caudalement, ce qui permet aux talons et à la voûte plantaire de se déformer moins. La longueur réelle du pied / sabot est en fait plus longue, offrant ainsi une meilleure base de soutien pour le membre. Enfin, la position de l'ensemble du sabot est plus proche de la colonne osseuse comme le montre la mesure appelée 'Len' figure 2.
Figure 3 : Radiographies d'un sabot avant gauche avant le parage. Notez la position du sabot par rapport à la colonne osseuse.
Figure 4 : Ce sont les radiographies latérales du même sabot avant droit. Malgré la mauvaise conformation des sabots, le cheval était relativement sain sans pathologies diagnostiquées. Les radiographies de A et B ont été prises le même jour et C a été prise 12 mois plus tard. La position osseuse est affectée par la forme et la santé de la voûte plantaire (indiquée en rouge). La voûte plantaire continue généralement à s'améliorer avec le temps lorsqu'un sabot est paré et chaussé correctement.
Vue dorso-palmaire : Après le parage, la capsule cornéenne ne doit pas présenter de cisaillement important en ce qui concerne la zone articulaire de l'os. Les forces de cisaillement peuvent faire dévier la capsule et la semelle entraînant ainsi la ligne blanche avec elle, il est donc facile de se laisser berner par ce qui est observé au bas du sabot. Il faut également tenir compte de l'asymétrie innée du sabot lors du parage et du placement des fers. Tous les détails sur le parage et le placement des fers du sabot ne seront pas abordés dans cet article.
Figure 5 : Les points rouges montrent approximativement l'extrémité distale de la première phalange, les lignes noires horizontales en B tracées sur le sabot montrent la zone articulaire entre les 2nd 3rd phalanges. Idéalement, les tubules doivent s'aligner sur les lignes bleues projetées. Je ne recouvre jamais toute la capsule du sabot car cela me permet de vérifier mon équilibre latéral médial en ce qui concerne la zone articulaire des os.
En résumé : Une bonne approche de parage avec un placement correct des fers devrait préserver ou améliorer la qualité et la fonction des sabots. Une bonne position des membres et des sabots doit être maintenue sur les quatre sabots. C'est à ce moment que le soin des sabots est bénéfique pour les chevaux.
« Solutions à court terme vs solutions à long terme : est-il possible dans le monde du cheval, en particulier le monde du cheval de compétition, de faire la bonne chose à plus long terme ? Où cela nous mène-t-il en termes de véritable science et d'utilisation éthique du cheval ? »
Si l'on exclut un mauvais soin des sabots, on peut se demander pourquoi et quand les soins des sabots peuvent devenir préjudiciables au bien-être du sabot et finalement du cheval. D'après mon expérience, le manque de temps suffisant joue un rôle important dans la capacité d'aider les sabots à se restaurer complètement. Quand j'étais enfant, il n'était pas rare de donner du repos à un cheval "sain" avec une mauvaise conformation des sabots. Cela impliquait de laisser le cheval pendant quelques mois au pâturage, partiellement pieds nus ou entièrement pieds nus. Le soin des sabots n'est pas le seul facteur contribuant aux problèmes de sabots, l'équitation joue également un rôle important. Faire reposer un cheval est évidemment très bénéfique à plusieurs niveaux. À l'occasion, cela devrait faire partie d'un programme de soins préventifs des sabots. Comme le dit l'adage "Mieux vaut prévenir que guérir".
Malheureusement, de nombreux propriétaires de chevaux et cavaliers professionnels ne comprennent parfois pas les conséquences à long terme d'une mauvaise conformation des sabots. Ils ne sont souvent pas enclins à donner du repos à leurs chevaux de selle à moins qu'ils ne soient vraiment boiteux. Les vétérinaires et les maréchaux-ferrants n'ont d'autre choix que de s'appuyer sur des solutions de soins des sabots à court terme. Cela se traduit souvent par des approches de ferrage trop manipulatrices. Ces « pansements » à court terme durent aussi longtemps que le prochain concours hippique ou l'apparition d'une boiterie. Par exemple, considérons l'angle palmaire des figures 4A et 4B qui a augmenté de 5.7 degrés en une seule séance de ferrage. Ce changement était important mais aussi nécessaire. L'angle palmaire s'est amélioré avec le premier ferrage mais la voûte plantaire et la capsule n'y sont pas parvenues. A noter que l'amélioration de l'angle palmaire est un bon début mais qu'elle ne doit jamais se faire au détriment des tissus mous et de la fonction capsulaire. Ces deux derniers mettent plus de temps à récupérer. Il est donc conseillé de recommander une période de travail léger jusqu'à ce que les tissus mous et la déformation capsulaire s'atténuent quelque peu. Le cheval de la figure 4 a repris un entraînement complet après 3 mois - à peu près le temps pour que la voûte plantaire retrouve une certaine définition naturelle. Dans ma pratique, j'ai appris à ma clientèle à ne pas s'attendre à des solutions du jour au lendemain face à une mauvaise conformation du sabot. Étonnamment, je n'ai jamais eu de contrecoup d'avoir à dire à des clients impatients de trouver un autre maréchal-ferrant.
L'industrie équine englobe différentes disciplines d'équitation avec souvent une race de cheval spécifique par discipline. Il est évident que les chaussures doivent être adaptées aux besoins de traction et d'usure. Cependant, au-delà de cela, tout professionnel des soins des sabots devrait-il essayer de modifier la forme innée des sabots et des allures via des chaussures ? Les figures 1A et 2A montrent un exemple de ce qui se passe lorsqu'un maréchal-ferrant est obligé de ferrer pour des allures artificielles plutôt que pour le bien-être du sabot et du cheval. Dans ce cas particulier, l'entraîneur voulait un effet plus « glissant » sur son cheval de dressage. On m'a dit que c'était « pour permettre une foulée plus longue dans l'arrière-train ». Notez que ce n'est pas un cas isolé, malheureusement ce scénario se produit avec d'autres disciplines. Dans un monde idéal, les faiblesses des locomotives devraient être corrigées par une formation appropriée et non par des moyens de ferrage artificiels. Au fur et à mesure que les études sur la locomotion équine et les soins des sabots s'améliorent, j'espère que ces approches obsolètes de la ferrure disparaîtront.
Figure 6 : La photo du haut est celle d'un étalon lusitanien à son arrivée dans mon établissement, la photo du bas est le même cheval 2 mois plus tard. Un orteil plus long (et/ou le placement de la chaussure) peut rendre apparaître d'avoir une foulée plus longue, mais je crois qu'il faut essayer de garder le pied "sous la colonne osseuse" (par exemple, figure 2) pour un meilleur mouvement et une meilleure santé.
Les pratiques d'élevage actuelles ont poussé la conformation équine au-delà de sa biomécanique naturelle en faveur d'allures extrêmes. C'est une autre forme de manipulation qui est préjudiciable au cheval et qui rend le travail du maréchal-ferrant et du vétérinaire d'autant plus difficile.
Message à retenir : Essayez de travailler avec la nature innée du sabot et « assistez » plutôt que « manipulez ». Il y a très peu de choses qui peuvent être changées avec la fonction de sabot. L'objectif d'un soin correct des sabots est de maintenir les sabots dans une santé et une fonction optimales sans manipulation excessive. Prenez votre temps, sensibilisez votre clientèle à l'importance de donner du temps aux sabots à restaurer. Gardez une approche simple pour le soin des sabots.